Club Auvergne Papier-Monnaie Chamalières
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CLUB AUVERGNE PAPIER-MONNAIE CHAMALIERES

GÉNESE

Réduire un travail de recherche de 4 ans et 320 pages sur une seule feuille est un exercice bien périlleux mais somme toute assez excitant ! La genèse de ce nouvel ouvrage « Les billets d’urgence de 1940 » commence au printemps 2013. Depuis le mois de janvier de cette même année, je suis orphelin de ma collection de billets de la Banque de France et d’une partie du Trésor. Il faut bien avouer que votre collègue collectionneur s’ennuie… Une année passe. J’ai alors l’idée d’utiliser toutes mes archives et mes pointages commencés en mai 2003 pour concevoir un nouveau site d’informations consacré aux billets du Trésor et de la Seconde Guerre Mondiale en général. Le Site FBOW (1) naît le 30 avril 2014. Dans la foulée, je travaille machinalement sur un inventaire plus confidentiel, le recensement des billets émis entre mai et juillet 1940. En mai 2015, j’achète par curiosité sur ebay France un billet de 100 francs « Ville de Paris » Type 1940 (Référence : BU 72.1 dans l’ouvrage, voir infographie N°1). Le billet est totalement inconnu de mes prédécesseurs (2) (3) et devient l’étincelle qui déclenche la conception du livre…

RAPPEL HISTORIQUE

En 1940, l’offensive brutale et soudaine du pays par les armées allemandes entraîne la panique en jetant des millions de personnes sur les routes de France. Les conditions dantesques de cet exode ne font qu’aggraver le naufrage militaire, économique et moral du pays. Le 10 juin, le gouvernement s’enfuit vers le Sud. Par effet domino, les administrations, les banques et les entreprises ferment et lui emboîtent le pas. Certains stocks de billets sont détruits pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi ! Le pays s’écroule en quelques jours. Le 22 juin 1940, Pétain signe l’armistice. La France est désarmée et divisée en deux parties par une ligne de démarcation. Le pays, complètement exsangue, est à l’arrêt. Devant l’urgence de pénurie monétaire, plusieurs villes, en majorité situées au nord dans la zone occupée, décident de procéder à des « émissions de nécessité à circulation locale » avec l’accord de l’occupant ou pas. Certaines de ces villes sont parfois accompagnées par le Département, mais surtout par les chambres de commerce.

118 REFERENCES COTEES A COLLECTIONNER

Au total, 34 émissions de nécessité sont recensées dans le livre, dont 13 nouvelles références « BU ». 10 émissions n’ont malheureusement pas « encore » été retrouvées (4) et 9 émissions ont été envisagées mais avortées (5). Pour établir les cotes, parfois partielles ou absentes des livres précédents, je me suis donc appuyé sur l’inventaire commencé en 2013 (celui-ci comptabilise actuellement 4512 billets) et sur une compilation des catalogues papier-monnaie des professionnels, des ventes en ligne et des ventes aux enchères (Live auctions), afin de tirer une estimation par référence la plus actuelle et la plus pertinente possible pour 5 états de conservation allant de TB à NEUF.

CARTOGRAPHIE DES BILLETS D’URGENCE DE 1940

Toutes les émissions (sauf Alès) ont été réalisées au nord de la ligne de démarcation (voir infographie N°2). Sur les 34 émissions recensées dans l’ouvrage, on ne trouve que 4 émissions d’ordre privées : Beaucourt (Etablissements Japy Frères), Le Creusot (société Schneider & Cie, voir infographie N°3), Malmerspach (entreprise des frères Schlumpf) et Verdun (entreprise de bâtiments d’Haïk Kirikdjian). Les émissions publiques représentent la plus grande majorité : les villes seules (Cosne, Isbergues, Lantilly, Maubeuge, Nevers, Romilly-sur-Seine, Saint-Omer, Salins-les-Bains, Sommevoire ou Versailles, voir infographie N°4), les villes et leur chambre de commerce (Colmar, Mulhouse, Nancy, Rouen), le Département et la chambre de commerce (Mayenne pour Laval, Haute-Saône pour Vesoul-Gray et Lure), les chambres de commerce seules (Angers, Caen, Chalon-sur-Saône) ou les villes et le Département (Paris, Rennes, Saint-Brieuc). Quelques particularités cependant : Lons-le-Saunier et la Caisse d’Epargne locale, Le Mans avec le Département et les Mutuelles Générales Françaises (MGF), Nantes avec la création d’un Institut Départemental d’Emission de la Loire Inférieure ou Saint-Claude avec la création d’un Syndicat inter communal regroupant 20 petites communes environnantes !

DES BILLETS RARES ?

Tout d’abord, il faut rappeler que la période d’émission globale est extrêmement courte (comprise entre le mois de mai et le mois de juillet 1940). Ensuite le contexte catastrophique du printemps 1940 a provoqué une mise en fabrication rapide de ces émissions locales, parfois en quelques jours ou en une seule nuit d’impression, comme à Colmar ! D’autres billets ont été émis et n’ont finalement pas circulé du tout (Lons-le-Saunier, Saint-Omer, Sommevoire). Certains n’ont même circulé que quelques jours ou bien que quelques heures (Angers, Caen). Ainsi, lorsque j’ai utilisé mon pointage des 4 495 billets, j’ai constaté qu’un très grand nombre de ces coupures se rencontraient souvent en bel état, voir en parfait état ! Prenons par exemple les 4 bons provisoires de 5, 10, 20 et 50 francs Sommevoire (Références : BU 97.1 à BU 100.1 dans l’ouvrage, voir infographie N°5). Ceux-ci n’ont été imprimés qu’à 600 exemplaires par valeur soit 2 400 billets au total. Cette émission a été immédiatement interdite par la préfecture et les coupures n’ont donc pas eu le temps de circuler… Les quelques rares exemplaires connus en collection privée sont tous en parfait état (SPL à NEUF) !

Alors, billets rares ou pas ? Il ne faut pas perdre de vue que tous ces billets ont été émis à une période confuse de notre Histoire. Et nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles surprises. Ainsi, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, quelques émissions ont fait l’objet de trouvailles inopportunes et celles-ci ont naturellement une incidence sur la cote actuelle de ces coupures dans mon ouvrage : 340 bons découverts à la mairie d’Alès en 1990, 470 séries des 5 bons de caisse de Colmar soit 2 350 billets découverts dans les archives de la mairie en 1980 ! Un autre exemple très concret : le billet de 100 francs Saint-Omer Type 1940 (Référence : BU 93.1 dans l’ouvrage, voir infographie N°6). Dans les années 1980, ce billet est considéré comme rare. Ainsi, en octobre 1984, l’exemplaire en état SUP N° 3700 de la série « A » est proposé à 1 600 francs (244 euros) dans le catalogue Vannier # 20 (lot # 2128). En décembre de la même année, soit 2 mois plus tard, une trouvaille fortuite de plusieurs milliers d’exemplaires du 100 francs Saint-Omer est découverte lors de travaux réalisés par une entreprise de maçonnerie dans une ancienne chambre forte de l’Hôtel des impôts de cette même ville de Saint-Omer ! La conséquence est immédiate… c’est à présent l’un des billets le moins bien coté du livre (15 euros en état NEUF pour un exemplaire de la série « B »).

Yann-Noël HENON

Bibliographie :

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